Le bulldozer et l'olivier, premier texte de La foutue bande sera édité par Un thé chez les fous, Toulouse, 2019
L'olivier est là. Il est là depuis longtemps. Il est bien vieux maintenant...
Un beau matin, débarque le bulldozer. Le bulldozer dit à l'olivier qu'il n'a plus rien à faire ici, maintenant, ici, c'est chez lui, il était là avant.
L'olivier va-t-il faire ses bagages et prendre la route ?
Va-t-il aller toquer chez le voisin avec ses enfants et toute la famille ?
Ou bien va-t-il s'accrocher à sa terre avec ses racines, profondes et résister, comme il peut, au chant des machines ?
Le Bulldozer et l'olivier suit de manière imagée l'histoire récente de la Palestine.
Il pose, avec poésie, la question de la résistance et de l'attachement à la terre.
Il débute comme un conte classique, le nez dans l'imaginaire, et petit à petit, le réel prend racine jusqu'à la douleur.
Un conte plein d'espoir ?
Extrait :
Déjà les chenilles écrasent les olives vertes tombées au sol
les fruits éclatent sous le poids de la machine
le bulldozer s'approche de l'olivier
la lame à l'avant prend appui contre le tronc de l'arbre
l'avant du véhicule se soulève
l'arbre reste droit
la prise au sol est forte
le véhicule accélère, il donne de la puissance
les racines craquent
le véhicule est maintenant à l'horizontale
l'arbre penche
la terre est solidaire
elle se soulève avec les racines
la machine insiste, les racines cèdent
l'arbre est couché
d'un côté les branches avec les feuilles
de l'autre les racines avec la terre
c'est presque symétrique
tout autour c'est le même spectacle
pareille désolation
tous arrachés à la terre
pour créer le désert
ce désert contre lequel il faudra lutter
pour reconstruire
avec des bulldozers
pour reconstruire
comme s'il n'y avait jamais rien eu ici
pour reconstruire
comme s'il n'y avait eu personne avant
pour reconstruire
et trouver sa légitimité à être là
à la place